Sergio Verastegui - Dead Eyes Opened

 

FERMETURE EXCEPTIONNELLE DE L'EXPOSITION DU 21 AU 29 JUIN INCLUS.

REOUVERTURE DU 30 JUIN AU 2 JUILLET INCLUS.

NOUS RESTONS DISPONIBLES SUR RENDEZ-VOUS.

 

L’histoire de l’espace d’exposition a insisté sur l’idée d'“isoler” les éléments en son sein. L’espace cliniquement blanc, depuis la deuxième moitié du XXe siècle jusqu’au présent, se développe une dimension dans laquelle les éléments peuvent être séparés du reste du monde, dans laquelle les objets deviennent réduits à un degré zéro où tout est une nouvelle dimension potentielle. Un potentiel qui peut réinterpréter et revitaliser toute une série de choses différentes. Avec la chute du cadre et la transformation dans le “white cube” du “salon” du dix-neuvième siècle, tout devient l’objet d’art potentiel. Les objets eux-mêmes ont trouvé des traces des chemins narratifs où la partie manquante suggère ses dimensions entières. Les fragments qui cherchent le reste sont dans un état de tension dynamique.
Ce dialogue entre et autour du fragment est clairement présent dans le travail de Sergio Verastegui où les éléments subissent des procédés dans lesquelles ses formes sont dérivées d’une fragmentation de l’original. Dans une certaine mesure, l’artiste répond à ce processus d’“isolation” afin de montrer les parties invisibles comme le reste du fragment du processus entier pour arriver à ce moment particulier. Le fragment transporte avec soi un sens du temps et dégage un sens de l’entier, mais aussi tout le processus qui l’a amené jusque là : une histoire. La phrase “A space within a space within a space” fait référence à ce processus de générer des dimensions différentes. La forme de traduction que l’artiste emploie afin de transformer l’espace dans l’histoire, relie un seul objet, un fragment, à une dimension différente d’espace et du temps.
L’espace comme processus pour trouver et donner une histoire est un élément particulièrement important pour le travail de Sergio, mais surtout, le rapport que tous ces éléments peuvent entretenir avec l’usage forte du langage et ses potentialités.

Ses œuvres montrent constamment la relation entre les éléments et l’espace ; entre les objets, leurs processus qui ont généré leurs formes. Tout semble être dans une sorte de forme d’archivage. Rien n’est dérivé d’une pure coïncidence, au contraire, une séquence claire d’éléments génère des nouvelles formes. Il semble essentiel dans le travail de Verastegui qu’un objet ait une histoire, son chemin et sa propre mémoire spécifique.

L’espace d’exposition est pour Verastegui un endroit où l’objet peut s’enrichir d’éléments additionnels. L’exposition n’est pas uniquement un dispositif visuel mais un endroit qui arrive à réactiver éléments qui seraient autrement invisibles ou destinés à disparaître.
Les strates sont physiquement ainsi que métaphoriquement en train de se chevaucher, montrant une grammaire de possibilités à voir et à cacher des éléments. Cette dynamique est évidente dans le travail de Verastegui.
Un talisman, un objet qui a une longue histoire, fait partie de cette cartographie de déplacements. Ce qui arrive dans l’exposition de Sergio Verastegui est une sensation d’être quelque part ailleurs, dans un endroit qui n’est pas vraiment l’espace où se déroule l’exposition. On pourrait être dans une série d’espaces générés par la nature des œuvres de l’exposition, dans leur manière d’être et d’être montrées.
La condition sculpturale dans laquelle les objets se situent et la manière sans effort dont les toiles sont accrochées démontrent cette ouverture dans le travail de Verastegui où derrière les éléments se cache une source sans fin d’histoires.

Lorenzo Benedetti, 2016