Stéphanie Cherpin - Starving in the belly of a whale

Cortex Athletico a choisi de construire une programmation artistique autour de trois invités : les plasticiens Masahide Otani et Stéphanie Cherpin, et l’historienne de l’art et commissaire indépendante Marie Canet.La volonté affichée de Thomas Bernard, directeur de la galerie, au moment où se déroule à Bordeaux la première édition d’Evento, dont le casting affiche les ambitions internationales de la manifestation, est de présenter le potentiel de ces trois personnalités qui ont en commun d’avoir bâti un bout de leurs parcours à Bordeaux et d’en être parties pour trouver des moyens plus adaptés au développement de leurs recherches.

Starving in the belly of a whale (2009) est le titre de l’unique pièce qu’a choisi de montrer Stéphanie Cherpin. Pour cette sculpture, l’artiste a scrupuleusement respecté le plan de montage d’un escalier en pin qu’elle a pris soin, une fois réalisé, de taillader à l’aide d’une scie sauteuse. Recouvert de plusieurs couches de peintures noires, l’escalier est accessoirisé par l’accrochage de lattes noires de stores vénitiens en PVC. À l’aide de deux sangles, cet ensemble est suspendu au plafond. Starving in the belly of a whale raconte à travers sa forme insolite, presque méchante, le rapport que l’artiste entretient avec les matériaux qu’elle retient.
« Mon travail démarre lorsque je pars à la rencontre des matériaux dans les chantiers ou les magasins de bricolage. Je cherche à ouvrir au maximum l’ éventail de mes possibilités. Je ne réalise pas de plan ou de dessin préparatoire. J’engage un dialogue sous la forme d’un corps à corps, un combat avec les matériaux. Dans cet échange, je ne souhaite pas être un sujet qui agit sur un objet, mais installer un rapport de sujet à sujet. Je veux être le plus neutre possible. Mon travail n’est pas le fruit d’une improvisation ou d’un expressionnisme, car je n’y projette pas d’histoires personnelles. Ma sculpture apparaît par l’expérience du travail. J’ai un rapport violent et agressif à l’égard de mes matériaux qui me procure une certaine liberté. J’ai besoin que mes pièces me dépassent, qu’elles me donnent du mal. »

Cécile Broqua & Cyril Vergès
Spirit Nr 54, October 2009, p.19