Vittorio Santoro - Today I Haven't Done Anything to Avoid the Inevitable

Nous sommes heureux de présenter à la galerie les 10 drapeaux conçus par Vittorio pour le Prix Marcel Duchamp 2017 exposés au Centre Pompidou et dans la ville de Paris du 27/09/2017 au 08/01/2018.

Today I Haven’t Done Anything to Avoid the Inevitable, 2017
10 drapeaux, mâts, ventilateur, 5 spots de lumière, cycle programmé de lumière

AUJOURD'HUI JE N'AI RIEN FAIT POUR EVITER L'INEVITABLE
HOW SOMETHING BECOMES SOMEONE WHO SPEAKS OF THE IMAGINARY

 

DEMAIN IL N'Y AURA PLUS DE TRACES QUE TU ETAIS LA 
TOMORROW THERE IS NO EVIDENCE YOU WERE EVER HERE

 

"AVANT" SE TROUVE APRES "APRES"

 

LE SILENCE DETRUIT LES CONSEQUENCES 
SILENCE DESTROYS CONSEQUENCES

 

NOUS N'EXISTONS QUE GRACE A NOS COMPROMIS AVEC LE MONDE 
WE EXIST THROUGH COMPROMISE WITH THE WORLD

 

A COTE DE NOUS, EN-DESSOUS DE NOUS, AU-DESSUS DE NOUS
NEXT TO US, BELOW US, ABOVE US

 

UN TEMPS OU LES CHOSES AVAIENT DE L'IMPORTANCE
A TIME WHEN THINGS MATTERS?

 

IL Y A QUELQUE CHOSE PLUTOT QUE RIEN
THERE IS SOMETHING RATHER THAN NOTHING

 

CE NE SONT PAS LES BOUTEILLES A LA MER QUI MANQUENT
WE HAVE ENOUGH MESSAGES IN A BOTTLE

 

LE LANGAGE NE VOUS CONNECTERA JAMAIS TOUT A FAIT AU MONDE
LANGUAGE WILL NEVER QUITE CONNECT YOU TO THE WORLD

 

 

Rémanence capitale, par Cécile Grémillet, 2017

 

Dans le cadre de son projet Une porte doit être ouverte ou non fermée, Vittorio Santoro a disposé neuf drapeaux dans la ville de Paris, et en a placé un dans l’espace d’exposition du Centre Pompidou. L’installation Today I Haven’t Done Anything To Avoid The Inevitable (2017) se compose de drapeaux multicolores sur lesquels figurent des aphorismes écrits en lettres capitales.


La forme aphoristique de la phrase convoque l’universalité de sa portée. Stylistiquement, sa structure ouverte lui confère une dimension ambiguë. Par exemple, l’aphorisme selon lequel « le langage ne [n]ous connectera jamais tout à fait au monde » met en lumière les paradoxes du langage à l'ère de l'hyper-communication.
Ces pensées nécessitent d’être décodées par le lecteur afin qu’il parvienne à saisir la pluralité de leurs strates interprétatives.
Les drapeaux placés dans l’espace public sont laissés à la libre interprétation du promeneur, mais leur présence tend également à le déconcerter. Dans un environnement urbain rempli de signes, les drapeaux de Vittorio Santoro sonnent comme des invitations désintéressées au dialogue.


L’artiste délaisse l’immédiateté du signe au profit de phrases nécessitant une méditation et qui inscrivent le récepteur dans une logique de distanciation. Loin des stimuli publicitaires ou informatifs désireux de provoquer une réaction, la rémanence des aphorismes engendre une réflexion. Cette dernière se poursuit au-delà de la lecture et trouve ainsi des prolongements intérieurs chez chaque lecteur.
En opposant cette rémanence à la précipitation de la ville, Vittorio Santoro choisit d’offrir une parenthèse au passant, une bulle réflexive qui l’éloignera un moment de l’instantanéité du quotidien. Pour ce faire, celui qui marche ne doit plus regarder l’asphalte qui sous ses pieds se dérobe, mais lever la tête vers l’immensité du ciel.