Olivier Masmonteil - Le voile effacé

La précédente exposition d'Olivier Masmonteil présentait une approche du paysage presque cinématographique. Un paysage où l'horizon est fuyant et où le premier plan, empruntant à l'abstraction américaine, devient une barrière.

 

Il n'y a pas de possibilité de fuite dans les paysages verticaux, car cette fois ces horizons sont fragmentés. Le lointain est mémoriel : il s'agit de convoquer des souvenirs de paysages, en utilisant les codes de la mémoire : images fanées, à peine esquissées, très peu de profondeur comme une estampe d'Okusaï (Olivier Masmonteil y fait souvent référence). C'est à la fois une mémoire d'image, plate, mais aussi une mémoire de peinture. Ces paysages verticaux seraient là aussi abordables en deux temps. Un arrière plan sépia presque effacé, une image au trait comme un prémisse au tableau et à quelques endroits les "touches" d'un premier plan qui rend ce souvenir actuel. le geste est là assez primitif, ils ne sont que des traces ou des empreintes presque pariétales. La couleur intervient comme une pulsion et rend ce premier plan évidemment présent. Comme s'il s'agissait de confronter une image sans temps à un moment de geste qui actualiserait ce souvenir, comme un flash.

 

Là encore Olivier Masmonteil joue de rapprochements : une références à l'iconographie fantasmée orientale comme une plénitude, associée à ces gestes pulsionnels que l'on trouve chez les expressionnistes abstraits. Il s'agit de prendre en main ces souvenirs qui s’effacent, dévoiler cette mémoire. Là encore c'est un vrai sujet de peinture : l'écart entre une intention de représentation et le geste primitif de cette action de peindre.

 

Dans ces paysages verticaux il existe encore une série singulière : celle des arbres. Ces petits formats sont traités comme des portraits où s'intègrent dans ces paysages une figure : celle d'un arbre abîmé et isolé, personnage central de ces horizons crépusculaires et sombres. Ce sont des pins blancs, patrimoine vivant de la Nouvelle-Zélande, arbres gigantesque et millénaires. Les paysages qui les ont déformés donnent une allure dramatique et romantique à leurs fûts noueux.

 

La série de ces petits formats identiques contraste avec la précédente. Ils donnent l'impression d'une série de portraits de vieillards, tragiques et imposants.

 

Thomas Bernard