Rolf Julius

Né en 1939 dans le nord de l'Allemagne, Rolf Julius suit tout d'abord une formation classique dans le domaine des Beaux-Arts.
Dans les années 1970, il découvre petit à petit certains compositeurs contemporains (notamment La Monte Young à l'occasion de festivals ou à la radio) et intègre en 1975 le son à ses premiers travaux photographiques,
Il s'engage alors plus avant dans des performances sonores qu'il réalise
dans des contexts très variés, aussi bien à l'extérieur (dans le désert, les arbres, sur des plans d'eau, des façades d'immeubles, des baies vitrées) que dans des espaces clos (galeries, musées).
La démarche de Rolf Julius repose sur une double approche à la lisière entre le domaine des arts visuels et celui de la création musicale.
A la fois sculpteur, Rolf Julius était aussi musicien à part entière, réalisant des compositions électro-acoustiques, donnant des concerts et des performances où la part de l'improvisation était souvent importante.

Au début des années 1980, Rolf Julius met déjà en place les bases d'un travail dans lequel l'espace sonore est privilégié dans un souci permanent de relation avec l'espace du monde, et avec la nature.
Les années 1983-1984 marquent un moment important dans la vie de l'artiste qui part vivre à New-York : il rencontre alors la plupart des artistes et compositeurs essentiels dans le domaine de l'avant-garde expérimentale, notamment John Cage mais aussi Takehisa Kosugi et son oeuvre trouve dès son retour en Europe une audience nouvelle.
Mais c'est au Japon que le travail va être très rapidement reconnu et accueilli avec enthousiasme : la place que le vide occupe dans les oeuvres de l'artiste n'est pas étranger à cette culture.

Sa pratique est assez proche de l'art minimal dans la mesure où les matériaux eux-mêmes ont un sens, Rolf Julius expliquait qu'un morceau de fer et un morceau de musique représentaient la même chose pour lui.
"Je crée un espace musical avec mes images. Avec ma musique, je crée un espace imagé. Les images et la musique sont équivalentes. Elles rencontrent l'esprit du regardeur et de l'auditeur et dans son intérieur, il en résulte quelque chose de nouveau."(1)

Les sculptures sonores de Rolf Julius développent, à travers une économie des moyens, une esthétique discrète à la limite du visible et de l'audible.
« Délicat, poétique, le travail de Rolf Julius ne s'impose pas, il requiert une extrême attention du regardeur-écouteur. La musique se regarde. Les pigments tremblent, le sable ondule, le papier frémit, l'eau frissonne. Il faut faire l'expérience des oeuvres. Circuler de l'une à l'autre, aller au-devant de paysages sonores fragiles et fascinants où la technique, la musique, les sons, le silence, les matériaux interprètent des jardins électroniques miniatures. » (2)

L'oeuvre de Julius est présentée pour la première fois en France en 1980 à Paris (Ecouter par les yeux, l'Arc, Musée d'art moderne de la Ville de Paris), au Centre d'art la Criée à Rennes (1990), puis l'artiste sera régulièrement à Grenoble (Broken Music, Le Magasin, 1989-1990), Lyon (Musique en scène, 1996), Dijon (Frac Bourgogne, 2001) et Paris (Galerie Lara Vincy, 1997 et 2002) dans des expositions personnelles et des festivals de musique contemporains. La plus large présentation de son travail a eu lieu au Frac Limousin en 2003. Il est présent dans de nombreuses collections publiques françaises.
Son oeuvre est représentée depuis 2005 par la Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico qui recueille ses archives complètes consultables sur demande.

(1) Interview de Rolf Julius par Regina Coppola extrait de : Large Black (red), University Gallery, Fine Art Center, University of Massachusetts Amherst, 2001.
(2) Cécile Broqua