"Pour Kevin Rouillard, le contexte d'exposition n'est jamais neutre, il détermine le statut des objets, sa réception et sa valeur. L'artiste signale son peu d'intérêt pour les oppositions entre vrai et faux, original et copie, dans le système de création de valeur des oeuvres. Cela peut expliquer aussi ses réticences à circonscrire son travail à l'engagement postcolonial (malgré un lien maternel au Cap-Vert) : il appartient à une génération d'artistes qui a perçu le paradoxe d'une assignation identitaire à des origines dont ils ne connaissent finalement que très peu. Pour aborder le sujet, il trouve alors des stratégies obliques, non linéaires, à l'image de sa dernière série. « Pour envoyer des produits au Cap-Vert, les expatriés remplissent des bidons car le transport en cargo n'est pas cher, raconte-t-il. Une fois là-bas, ces bidons deviennent des portes, des poêles, des balayettes, des maisons. J'ai décidé de les transformer en boucliers tortues, utilisés dans les formations de soldats romains comme une carapace collective ». Façon cheval de Troie, les bidons sont devenus des peintures."

(extrait de Kevin Rouillard : futur fossile, QDA 08/072016, Pedro Morais)

 

Né en 1989, Kevin Rouillard est diplômé avec les félicitations du jury de l'ENSBA de Paris en 2014. Après avoir participé au 60ème Salon de Montrouge et au prix de la Villa Emerige (Empiristes) en 2015, il remporte le prix de la Fondation François de Hatvany. En 2016 il participe à l'exposition Distopark, au Confort Moderne à Poitiers, ainsi qu'à l'exposition Le Nouveau monde industriel, (commissariat : Nicolas Bourriaud) à la Galleria Continua / Les Moulins. Ses oeuvres ont été montrées aux Abattoirs, FRAC Midi-Pyrénées, Toulouse, pour l'exposition Autour du Nouveau Réalisme, Les dadas des Daniel. En 2017 : des expositions personnelles à l'Assaut de la menuiserie, Saint-Etienne ainsi qu'à The Chimney, New-York, et une exposition collective hors les murs du Centre d'Art Parc Saint Léger. En 2018, la Junqueira Artists Residency l'accueille à Lisbonne donnant lieu à deux expositions personnelles. Plus récemment, à la suite du prix SAM Art Projects reçu en 2018, le Palais de Tokyo abrite en 2020 son exposition personnelle Le Grand Mur, tandis que la galerie Thomas Bernard ouvre, dans le même temps, son exposition Soudure et Mayonnaise.

Kevin Rouillard


Né en 1989 à Vendôme
Vit et travaille à Marseille

 

FORMATION


2012-2014
DNSEP, Ecole des Beaux-Arts, Paris, France, avec félicitations du jury

 

2011-2012
DNAP, Ecole des Beaux-Arts, Paris, France

 

2009-2011
DNAP, Ecole des Beaux-Arts, Pau, France, avec félicitations du jury


EXPOSITIONS PERSONNELLES

 

2021

« Taqale [taqalε] v.t < taq. Accoler, Souder, se Débrouiller », Selebe Yoon, Dakar

 

2020
Le Grand Mur, SAM Art Projects, Palais de Tokyo, Paris
Soudure et Mayonnaise, Galerie Thomas Bernard, Paris

2018
7/7, La Junqueira Artists Residency, Lisbonne, Portugal
Uma Historia de formas quebradas, La Junqueira Artists Residency, Lisbonne, Portugal

2017
Extrait (Tôle, Choc) Contre-attaque, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Paris, France
Extrait (tôle, choc) Barricade, L'Assaut de la menuiserie, Saint-Etienne, France
Collision, The Chimney gallery, New York, USA, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la communication, du Comité Professionel des Galeries d?Art et de la Direction Générale de la Création Artistique

2014
Triste entropie, Diplôme DNSEP Beaux-Arts de Paris, Paris, France


EXPOSITIONS COLLECTIVES

 

2021

RECYCLAGE-SURCYCLAGE, Villa Datris, Paris


2020
Biennale de Dakar, Dakar (reportée)
RECYCLER/SURCYCLER, Villa Datris, L'Isle-sur-la-Sorgue
Memory or Memories, Art & Communictaion, Bordeaux

 

2019
Masterpieces 2,
Galerie Thomas Bernard / Cortex Athletico, Paris
Masterpieces
, Galerie Thomas Bernard / Cortex Athletico, Paris

2018
Heavy metal, Galerie Jérôme Pauchant, Paris, France
A l'oeuvre, La maison des vins et du tourisme, Fronton, France


2017
FIAC,
Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Grand Palais, Paris, France
Construire Déconstruire,
Delta studio, Roubaix, France
Autour du Nouveau Réalisme, Les dadas des Daniel
, Les Abattoirs, FRAC Midi-Pyrénées, Toulouse, France
Agora, collectif 2a1, Galerie R-2, Paris, France
It's Happening!, Espace Claude Parent, Lycée Raoul Follereau, Hors les Murs Centre d'art contemporain du Parc Saint Léger, Nevers, France

2016
Choséité, Galerie Episodique, Paris, France
Le Nouveau monde industriel, commissariat de Nicolas Bourriaud, Galleria Continua / Les Moulins, Boissy-le-Châtel, France
The Future is the Future
, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Paris, France
Distopark
, Le Confort Moderne, Poitiers, France

2015
Empiristes, Villa Emerige, Paris, France
Les voyageurs, exposition des félicités, École des Beaux-Arts, Paris, France
État des lieux, Galerie Machina, Clichy, France
Chers objets partie II, Immanence, Paris, France
Chers objets partie I, Réfectoire des Cordeliers, Paris, France
Destination mars, le Printemps de l'Art Contemporain, Marseille, France
60ème Salon de Montrouge, Montrouge,France
A couteaux tirés, Friche Belle de Mai, Marseille, France
Bains Douches, Paris, France


2014
Yia Art Fair, Galerie Jérôme Pauchant, Le Carreau du temple, Paris, France
StartPoint, DOX Centre for Contemporary Art, Prague, République Tchèque
Iracema, Paris, France
Matchmaking, École des Beaux-Arts de Paris, Paris, France
Bail à ceder, ancien espace Anne Barrault, Paris, France


2013
Tendresse, Espace des Arts Sans Frontières, Paris, France
Jardin Éphémère, Saint-Ouen, France


2012
N'Border, Les Abattoirs, Le bel ordinaire, Billère, France


2011
Six Feet Under, Pau, France


WORKSHOP


2017
MAC VAL, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine, France

 

CONFERENCE


2017
Décoloniser l'objet, avec Annabelle Ténèze, Les Abattoirs - Musée d'art contemporain de Toulouse


RESIDENCE


2018
La Juqueira Residency, Lisbonne

 

2015
Astérides, Friche Belle de Mai, Marseille

 
PRIX


2018
Lauréat Prix SAM Art

2015
Prix Fondation François de Hatvany

2014
Nomination au prix StartPoint, Prague

 
CATALOGUES ET PUBLICATIONS


2015
Empiristes, Villa Emerige
Les voyageurs, Beaux-Arts de Paris éditions
Catalogue des diplômés 2014, Beaux-Arts de Paris éditions
Chers objets, Beaux-Arts de Paris éditions
Catalogue du 60ème Salon de Montrouge

 

COLLECTION PUBLIQUE

Musée d'art moderne et contemporain, Toulouse

Marc-Olivier Wahler et Leslie Veisse, 2014

À première vue, la pratique artistique de Kévin Rouillard semble croiser celle du  collectionneur, voire de l'archéologue.
L'artiste n'a en effet de cesse de chercher des objets partageant des valeurs communes, que cela soit au niveau formel ou scientifique. Il les collecte, inlassablement, les étudie et les archive, de peur qu'ils ne se perdent dans l'oubli. Il fouille les plis de l'histoire et recherche les racines de notre mémoire. Ce faisant, Kévin Rouillard pourrait revendiquer une place de choix dans le cortège de ces artistes qui depuis plusieurs décennies  sondent nos rebuts, nos archives, nos relations aux objets et mettent en exergue notre constante propension à la réification des objets.
Or Kévin Rouillard ne développe aucune fascination particulière pour l'objet, aucune idéalisation. Il travaille, dit-il, avec ce qu'il trouve, de manière totalement fortuite, cherchant, dans le sillage de Duchamp, à annihiler tout critère de sélection. L'idée de trouvaille prédomine.
Pas de choix privilégié, pas de hiérarchie entre une pièce et une autre : le goût de l'artiste s'efface et laisse à la matière toute la possibilité d'incarner son sens potentiel, au-delà de la détermination de l'artiste. Ce dernier aspire à lui donner une autre présence, qu'il s'approprie.
L'objet s'impose alors, sans que l'on puisse en décider autrement. Ces fragments ne délivrent aucun témoignage du passé, mais multiplient des écritures d'histoires sans fin, vouées à un recyclage, une réinvention permanente. Si la rencontre fortuite entre l'artiste et un objet semble constituer un frein à toute velléité de réification, la question du dispositif ne laisse rien au hasard. Le dépassement de l'objet collecté est mis en  relief grâce au questionnement du dispositif de monstration muséale et à la réinvention de l'accrochage.
Ce n'est plus l'objet en tant que tel qui attire l'attention mais la manière dont l'objet se dévoile qui fixe le regard. L'indifférence esthétique dans l'acte de collecter permet à ces objets d'exister sans préjugés et de les exposer sans conventions.
Les briques proéminentes servent de socles-présentoirs, les cadres se transforment en murs de parpaing, les étagères n'accueillent que des pierres, les porte-manteaux retiennent des fossiles.
La connaissance du fragment se laisse alors oublier, à la faveur de sa seule présence. Les éléments sont à la fois vierges de toute histoire et dépositaires d'une histoire universelle.