Né en 1978 à Santander, Gorka est diplômé de l'École Massana d'Arts et Design de Barcelone puis il poursuit sa formation en Master au Goldsmiths College de Londres. Aujourd'hui, il vit et travaille entre Londres et Madrid.
Les oeuvres de Mohamed ne sont pas sans questionner le spectateur tant elles sont troubles. De Diego Velázquez à Tex Avery, son univers est cultivé, nourri, riche de sens et de références. Portraits, natures mortes, crucifixions, dessins de pieds, paysages aux horizons toujours plats et aux formes oniriques, étranges scènes aux géométries organiques, chaque tableau ouvre de nombreuses portes, suggère de multiples thèmes.
Son travail s'ancre dans l'histoire de la peinture de son pays. Certaines toiles ne sont pas sans faire penser aux portraits décadents que Goya a pu dresser des puissants de son époque. Personnages déformés, torturés, austères, collages et assemblages de formes, nous sommes souvent proche du baroque espagnol, mais celui que Gorka propose est totalement halluciné. On y retrouve également d'évidentes et très belles références à la période vache de Magritte. Toutefois,
il s'éloigne de ce surréalisme léché par une touche plus rapide, plus grossière, marque d'une autre filiation et le reflet de l'amitié qui le lie avec Manuel Ocampo.
Né en Espagne en 1978
Vit et travaille à Londres, UK
Espagnol-irakien
FORMATION
2006 - 2008
Master en Beaux-Arts, Goldsmiths College, Londres, UK
1997 - 2003
Diplome en Art et Design, Escola Massana, Barcelone, Espagne
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2019
I Would Prefer Not To, Galerie Thomas Bernard / Cortex Athletico, Paris, France
The Mad Dog the the Desert, Maison Al Nimer pour l'Art et la Culture, Beirut, Liban
2018
I ARE, Galerie La Mauvaise Réputation, commissariat d'Emilie Flory, Bordeaux, France
2016
Raise ravens and they will pluck out your eyes, Peter Von Kant Gallery, Londres, UK
Ha, Ha, Helena Parada & Gorka Mohamed, Choi & Lager Gallery, Cologne, Allemagne
2015
Termite Painting & The Sick Feet, Galeria Juan Silio, Santander, Espagne
2014
Project Room, Arte Santander, Santander, Espagne
2011
Laughing Backwards, Galerie Distrito4, Madrid, Espagne
2010
Tautologies, Gallery b'one, Seoul, Corée du Sud
2009
Toon Toon, Galeria Siboney, Santander, Espagne
Cota Uno (Project Room), Arte Santander, Espagne
2006
Puente de la Vision, Musée d'art contemporain, Santander, Espagne
Ghosts and Premonitions, Galerie Luis Adelantado, Valence, Espagne
EXPOSITIONS COLLECTIVES (SELECTION)
2019
Pampre It Up !, La Mauvaise Réputation, Bordeaux, France
Masterpieces 2, Galerie Thomas Bernard / Cortex Athletico, Paris
Masterpieces, Galerie Thomas Bernard /Cortex Athletico, Paris
Abracadabra, Assembly House, Leeds, Royaume-Uni
Ranchito End of Residency, Hammana Arstist House, Hammana, Liban
2018
Poco Hecho / Medium Rare, Matedero, Madrid, Espagne
A Monochrome Exhibition, Rocky Shore Gallery, Tokyo, Japon
Back to the Hood, Thierry Lagalla, Vincent Gicquel, Charles Mason, Gorka Mohamed, Manuel Ocampo, en collaboration avec la Galerie Thomas Bernard / Cortex Athletico , Galerie La Mauvaise Réputation, Bordeaux
Boy Meets Girl, Danny Fox, Bernhard Martin, Dale Lewis and Gorka Mohamed, Choi & Lager Gallery, Cologne, Allemagne
Boy Meets Girls at Spinnerei, Choi & Lager Gallery, Leipzig, Allemagne
Yes, Sir/Ma'am! Right Away, Sir/Ma'am!, Manuel Ocampo & collaborateurs, Tyller Rollings Gallery, New York, USA
2017
The Untimely Dream, Contemporary Spanish Art in Dysfunctional Times, The Drawing Room Gallery, Manille, Philippines
Ride On, Abdul Vas & Gorka Mohamed, Galeria Proyecto H., Madrid, Espagne
Creo que a Joseph Beuys no lo tengo en el facebook, Sala Atin Aya, Seville, Espagne
2016
Puertos de Entrada, Festival Periferias, commissariat de Javier Aquilué, Huesca, Espagne
2015
De la Mano, Centro Centro, Palacio de CIbeles, Madrid, Espagne
Tener que Sentir, Centro de Cultura Antiguo Instituto, Colection Bragales, Gijon, Espagne
2014
100 Painters of Tomorrow, One Art Space, Tribeca, New York, USA
Exeter Contemporary Open 2014, Exeter, UK
Rachel Howard, Boo Saville, Gorka Mohamed, George Ziffo, Kikko Giannuzzi
Untitled (Unconscious), TJBoulting Gallery, Londres, Royaume-Uni
2013
Creekside open 2013, selectionné par Ceri Hand, A.P.T Gallery, Londres, UK
Meaning Making (commissariat de Monica Alvarez Caraega), exposition itinérante : New York, Washington, Bruxelles, Lisbonne
2012
Enlaces + Seis Contextos, Museo Patio Herreriano, Valladolid, Espagne
Salon Art Prize, Matt Roberts Arts Gallery, Londres, UK
Swollen Jungle, Londres, UK
2011
Creekside Open 2011 selection par Dexter Dalwood, A.P.T Gallery, Londres, UK
Young London, V22 Collection, Londres, UK
Wonderpia, Seoul Museum of Centemporary Art, Nanjo Studio Gallery, Seoul, Corée du Sud
Ultima Pintura (Collections from DA2 & Coca-Cola Foundation), DA2, Salamanca, Espagne
Translate/Transcribe, curated by Ian Gonczarow, Central House of artist, Moscou, Russie
2010
Odd Place, Artside Gallery, Seoul, Corée du Sud
DA2, Acquisitions 2010 from Coca Cola Foundation, Salamanca, Espagne
Bragales Collection, Palacia de Sastago, Zaragoza, Espagne
Bright Lights London Painting, Resy Muijsers Contemporary Art, Tilburg, Pays-Bas
2009
Ventriloquist, commissariat d'Emma Dexter, Timothy Taylor Gallery, Londres, UK
Code of Being, Gallery with Space (Jill Mason, Eemyun Kang, Gorka Mohamed), Pékin, Chine
Modern Times, Vegas Gallery, Londres
Notes from the Underground, James Taylor Gallery, Londres, UK
2008
Enlaces+3, Patio Herreriano Museum, Valladolid, Espagne
2007
Planes Futuros, commissariat de Lorena and Maria del Corral, Sala Baluerte, Pampelone, Espagne
Fall-in Theatre, V22 Basement, Londres, UK
Celeste Art Prize : T2 The Old Truman Brewery, London, Lyon & Turnbull, Edinbourg, UK
Beuty & Sadness (Juan Navarro Baldeweg, Juan Uslé, Eduardo Gruber, Gorka Mohamed, Manu Arregui amount others), Galeria Torreao Nascente da Condoaria Nacional, Lisbonne, Portugal, Industrie-und Handelskammer, Francfort-sur-leMain, Allemagne
PRIX, BOURSES ET RESIDENCES
2018 / 2019
Residence Ranchito, Maison d'artiste Hammana, Liban, Matadero Madrid, Madrid, Espagne
2014
Mention honorable, catégorie peinture, Beers Contemporary Award for Emerging Art
2008
Lauréat du Prix Warden's Purchase
2005
Lauréat du concours Pancho Cossio, Santander, Espagne
Nominé, concours Caja Madrid Generation, Espagne
2004
Bourse Arteleku, Saint-Sebastien, Espagne
Residence à Piramidon, Barcelone, Espagne
2002
Lauréat du concours Casimiro Saintz, Reinosa, Espagne
2001
Bourse d'étude, Escola Massana, Barcelone, Espagne
Nominé, concours Miquel Casablancas, Barcelone, Espagne
1997
Lauréat, concours Pancho Cossio, Santander, Espagne
CATALOGUES & PUBLICATIONS
(SELECTION)
2018
El Ranchito Lebanon, Poco Hecho-Medium Rare
2014
100 Painters of Tomorrow, Thames & Hudson
Youg London 2011-2014, Catalogue de V22 Collection et Grey Tiger Books
2013
Antes de irse, 40 ideas sobre pintura, texte de David Barro
Meaning Making
2011
Wonderpia, texte de Lee Jinmyung
Cantabros en al Coleccion Norte, texte de Juan Manuel Bonet
2010
Tautologies, texte de Raul Zamudio
2009
Turpsbanana issue n°6, review par Sarah Douglas
Toon Toon, texte de Kristian Leahy
Silencio
2007
Planes Futuros, texte de Cedar Lewisohn
Celecte Art Prize
Beauty and Sadness, Monica Alvarez Careaga
2006
Emerging Art in Spain, Manuela Villa
Puente de la Vision, texte par Isabel Portilla
D[x]i Magazine, issue 21
2004
Street Logos, Tristan Manco
2001
Alter Ego Magazine n°021
CONFERENCES
2018
Peinture Termite, Université d'Histoire de l'Art, Malaga, Espagne
2017
Proyecto Chimenea, La Casa Encendida, Madrid, Espagne
2007
La cultura alternativa como alternativa cultural, Université de Cantabrie, Espagne
COLLECTIONS
Coleccion Solo, Madrid, Espagne
Patio Herreriano, Musée d'art contemporain espagnol, Valladolid, Espagne
Coleccion Pilar Citoler, Espagne
Bank Caja Madrid, Espagne
Reinosa Ayuntamiento, Reisona, Espagne
Culture Department of Cantabria, Santander, Espagne
Fondation Coca-Cola, Madrid, Espagne
Goldsmiths College, Université de Londres, Londres, UK
Coleccion Norte, Santander, Espagne
Coleccion Olor Visual, Espagne
Fondation Centenara, Espagne
Coleccion Los Bragales, Espagne
GMM peint principalement des portraits. Des portraits en série, comme ceux qu'on enregistre lorsque qu'il faut se le faire tirer pour remplir aux obligations d'identification nationale, c'est à dire tous semblables, même point de vue neutralisé, fond éteint ou terne comme un aplat apathique, face inerte et l'air bête mais cependant différent de celui de nos congénères, puisque le but de l'opération est d'enregistrer nos particularités, nos singularités, voire nos étrangetés.
Evidemment, GMM complique un peu la chose, les portraits qu'il aligne n'ont pas de noms « propres » ; c'est de fait une théorie d'homoncules bizarroïdes, plus proches de l'innommable que de l'identifiable, espèces d'espèces peu ragoutantes, ersatz d'humanité, proches d'un prurit équivoque. Comment en effet nommer un machin avec deux sortes d'yeux globuleux dont l'un arbore une pelote de veinules alors que l'autre a des réminiscences buñuelesques avec son orbite qui pendouille, que le tout est fiché sur un semblant de cactus avec un petit plumeau en guise de menotte improbable, nanti d'une indicible tuyauterie végétale qui relie tant bien que mal le tout, et, pour conclure, un interrupteur à la dégaine d'allumette ? Et bien ça s'appelle Franciscan Mecanism, puisque, a priori c'est par les titres que l'artiste nous délivre la clef de l'énigme des individus représentés. Et faut voir la suite ! Bananas Monarchist a une allure d'ampoule de 30 Watts à la luminosité pâlotte juchée sur un carré du genre de tissu synthétique qu'on enfourne dans nos sofas pour qu'on ait pas mal aux fesses avec, en effet, une banane peu comestible qui tente de brancher les deux. Le portrait d'un Secondary Actor colle bien avec son rôle puisque, trônant devant un décor d'opérette, affublé d'un uniforme en toc aux épaulettes douteuses envahies par des relents apéritifs d'olives ou de laitue fanées, la chose arbore une tête flétrie où se prélasse une limace, alors que pendouille sur son torse un semblant de flûte inca, ce qui laisse à penser qu'il s'agit d'un avatar latino local jouant à l'Empereur. Portrait of Louis XIV with an Imaginery Prosthesic Cubist Leg lève enfin tous les doutes : les proies préférées de GMM restent bien les puissants, les m'as-tu-vu de ce Monde, ceux qui la ramènent et s'abîment dans un même temps dans la sur-représentation de leur être, qui se font « tirer le portrait » avec la distinction que confère l'enrichissement d'oripeaux, de perruques, de médailles et de dentelles empesées. Bien que le cubisme invoqué dans ce cas ait plutôt l'air d'une cuisse de sauterelle amputée ayant visiblement du mal à enfourner chaussure à son pied pour shooter dans une balle de tennis anachronique , l'effet est réussi : ça en rajoute pour mieux se faire voir !
A mieux y regarder, quelques indices viennent s'ajouter au résultat : ça flotte sciemment entre la citation de portraits aussi classiques que vénérables que l'on range dans nos rayons d'histoire de l'art plutôt baroque, affublés d'un look BD délirantes comme celles commises par les déglingués californiens qui puisaient volontiers sur les substances vaguement prohibées du Peace and Love des années 70. Entre Velazquez et Crumb, quoi. Mais pour pousser plus loin le nud gordien des origines, on s'accorde à reconnaître qu'on est proche d'une esthétique très « bad painting », cette floraison destructrice qui décorait en superlatifs voyeuristes les vrombissements punk des débuts avérés du post-moderne. Ouf ! GMM revendique tout ça lorsqu'il précise que ses intentions prioritaires restent de « montrer l'angoisse que ressentent les gens, de plus en plus apathiques face à un environnement saturé par les médias et les images qui éliminent toute pensée critique » et qu'il essaie de combattre en « déconstruisant les écheveaux du monde culturel actuel par le parti-pris d'embobiner des données largement contaminées mais dont la toxicité peut agir comme thérapie ». Autrement dit, plus tu mélanges l'apparence du trivial et plus tu mets justement le doigt sur le pire dont il convient de se débarrasser. Il n'a pas tort en cela, c'est depuis longtemps le b a ba de toute velléité anti-conformiste, soit, pour rester dans le champ de l'art l'opposition du « good » et du « bad ». Le paradoxe reste que souvent on confond le « bad » et le « ugly », c'est à dire que c'est « mauvais » lorsque le résultat est « laid » et qu'il peut être voué aux gémonies des amis ou des releveurs de compteurs autorisés. Sans trop de surprises, GMM avoue son appétence pour les derniers tableaux dégoulinants de De Chirico et pour la « période vache » de Magritte, bien qu'il faudrait se demander si ce dernier, se faisant, ne confirmait pas un amour de même nature pour la peinture qu'il semblait maltraiter, quand ce n'est pas quelques méchantes toiles d'un Dali andropausé où on la Montre molle... Car au bout du compte, et à bien regarder, ce n'est « bad » ou « ugly » que si c'est très bien fait, maîtrisé, techniquement époustouflant, comparable ou mettant au défi les codes et les critères de ce qui entérine a priori la beauté autoritaire du « good ».
Regardons mieux les tableaux de GMM, ils répondent exactement à ce type de défis. C'est diantrement bien enlevé, plein de glacis et de moirures, super léché, recouvert de fines couches de couleurs, utilisant une palette diaphane digne des ateliers les plus académiques. Comme si pour oser être irrévérencieux et couper le cou des puissants, il fallait d'abord bien les exécuter !!
Ramon Tio Bellido