Chaque intention picturale de Franck Eon procède en deux temps : une déconstruction, analytique, d'un corpus d'images souvent liées à l'histoire de l'art ou extraites d'une banque de clichés populaires ; puis un ajustage par fragments de ces divers éléments.

Cette utilisation de citations s'identifie pour le spectateur à des degrés divers. Il peut être total et immédiat, tenant presque de la parodie (Série SP, Derrick, Podiums), partiel et en ce cas les emprunts sont fragmentés, ou encore pluriel et là la compréhension est conditionnée par l'assemblage.

Cette attitude permet péniblement une cohérence formelle puisque le dénominateur commun à chacun de ces « tableaux » est bien ce processus, mettant à distance l'idée de facture originale. Une fois établie dans sa programmation, la peinture de Franck Eon n'est semble-t-il que la synthèse d'une réflexion préparatoire. La matérialité même de l'objet peint n'est plus alors qu'une question de choix : certains travaux trouvent dans le châssis et la toile leur espace d'expression, d'autres projets sont capables d'évacuer le médium attendu et de prendre la forme de vidéos, de tirages numériques (et en ces cas le principe d'assemblage est compréhensible), voire de collages (là le procédé est littéral).

La forme de cette pratique, éloignée du geste, place à distance l'auteur. Cette mise à l'écart se retrouve dans certains wall-paintings, où des séries de peintures s'effacent insensiblement, se confondant avec le fond des cimaises comme une évanescence. Les « peintures dopées », utilisant un système combinatoire comme principe constitutif posent cette même distance, maintenant à l'écart la présence de l'auteur. Peindre revient alors pour Franck Eon la mise en place d'un écran, une surface de projection capable de proposer de nouvelles images sans pour autant rechercher une originalité à tout prix.

Franck Eon
Né en 1961 à Roubaix
Vit et travaille à Bordeaux


FORMATION
1987
DNSEP École des Beaux-Arts, Tours


EXPOSITIONS PERSONNELLES
2018
Franck Eon, drôle d'endroit pour une rencontre, une collaboration avec la galerie Christian Berst, Galerie Thomas Bernard, France

2016
Abstraction faite d'une conception plutôt magique de la situation, galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Paris

2013
Skeletons and illusions, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux
Skeletons and illusions, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Paris
X-Woman, projection dans le cadre de Sunday's Screening, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Paris

2012
Skeleton, salle des propositions, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux

2011
FRAC Limousin, Limoges
Sans titre, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux
Skeletons, Docks Art Fair, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Lyon

2009
Demnächst, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux

2008
Franck Eon, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux
Galerie Marion Meyer, Paris

2007
Salle Blanche, Musée des Beaux-Arts de Nantes, Nantes
Franck Eon - Lili Reynaud-Dewar, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux

2006
Taggs in a Museum, Musée des Beaux-Arts, Bordeaux
FRAC Limousin, Limoges
Oeuvres de la collection du FRAC Limousin, Théâtre de l'Union - Centre Dramatique Nationale du Limousin, Limoges
Franck Eon, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, en association avec Damien Mazières
Franck Eon, Centre culturel Jean-Pierre Fabrègue, Saint Yrieix

2005
Franck Eon, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, en association avec Rolf Julius

2000
Franck Eon, Le Spot, Centre d'art contemporain, Le Havre

1999
Franck Eon, CAPC - Musée d'art contemporain, Bordeaux

1997
Galerie du Triangle, Bordeaux 

EXPOSITIONS COLLECTIVES


2019
Masterpieces 2, Galerie Thomas Bernard / Cortex Athletico, Paris
Masterpieces, Galerie Thomas Bernard / Cortex Athletico, Paris
Etrange ! (variations en vrac), Chateau Chasse-Spleen, Bordeaux, France

2018
Le retour de la mort de la peinture, 5UN7, Bordeaux
Another day : Edouard Decam, Francsk Eon, Hugues Reip - collection FRAC Normandie Caen, Ecole Supérieure Arts & Medias Caen-Cherbourg, Caen

2017
Sessions #5 et #6, Galerie Paris-Beijing, Paris, France

2016
The Past is The Past, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Paris
Non figuratif : un regain d'intérêt ?,
Abbaye Saint André, Centre d'art contemporain, Meymac
Sessions,
Backslash, Paris, France
Peinture d'architecture
, Le Garage, Brive

2015
Il fallait mettre des choses dans ce vide, La Réserve, Bordeaux
Collection en mouvement, souvenirs du futur, collection FACLIM, Artohtèque et Frac Limousin, Ussel
L'Archipel du rêve, Lieu Commun, Toulouse
Jeunes & Contemporains, Le Confort Moderne, Poitiers
Tableaux, conversations sur la peinture, FRAC Limousin, Limoges

2014
Quelque chose à vous dire, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Paris
Choices, Ecole des Beaux-arts de Paris, Paris
Franck Eon - Rolf Julius, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Art Brussels, Bruxelles

2013
Plug-in I.2, Collection FRAC Poitou-Charentes, Musée d'Angoulême, Angoulême
Campagnes/ Campagne, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux
La nuit, je mens, «la sentinelle», le CAPC au Rocher de Palmer, Cenon
Limousin - L´exception culturelle, Abbaye St André, Centre d'art contemporain Meymac, Meymac

2012
Ventriloquies, Nouveau Festival, Centre Pompidou, Paris

2011
Choses incorporelles, Musée d'art - Chapelle du Carmel, Libourne
Artbrussels 2011, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bruxelles
La Nuit Résonance, Documents d'artistes, Lyon
Probable, préférable, plausible, possible, Galerie dohyanglee, Paris

2010
Matériaux divers et autres bonnes nouvelles, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux
Artissima, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Turin

2009
P.A.O (peintures assistées par ordinateur), Chamalot-Résidence d'artistes, FRAC Limousin

2008
Le couloir des miroirs (art et cinéma) - FRAC - Limousin, Limoges
Larsen - FRAC - Poitou-Charentes, Angoulême
Entre temps - FRAC - Poitou-Charentes, Angoulême
Entre-temps, galerie du Lycée, Levallois-Perret

2007
Photopeintrie, FRAC Limousin, Limoges
Imbéciles habitants, (Sechas, Molinero, Otani, Cherpin, Fauguet, Vonnier), Concarneau

2006
Hradacany, La Générale, Paris
Cosa nostra, Glassbox, Paris
Nouvelles fabriques d'images et de sons - FRAC - Limousin, Limoges

2005
Schöner Leben, Kunsthalle Darmstadt, oeuvres de la collection du FRAC Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes
Projet Cône Sud, Museo de Arte de Lima
Centro Cultural Matucana 100, Santiago, Chili
Museo de Arte Moderno de Buenos Aires
Museo Nacional de Artes Visuales, Montevideo, Uruguay

2004
Entropia, Centre international d'art et du paysage, Vassivières
Buy-Sellf, Ateliers Boisson, Marseille
Black Out, FRAC Poitou-Charentes, La Rochelle
Buy-sellf, Ecole Nationale de l'Aviation Civile, Toulouse
Common People !, Galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico, Bordeaux

2003
Buy-sellf : Lick the window, Atlanta College of Art Gallery, Atlanta
Somewhere between here and there, Curlet, Monk, Eon, Le Spot, Le Havre
Une collection de chef-d'oeuvres, FRAC Limousin, Limoges

2002
Buy Sellf, La Faïencerie, Bordeaux
John, SP is vomiting, Palais de Tokyo, video programmation, Salon Meschac Gaba, Paris
L'art et la distance 2, FRAC Limousin

2001
Exposition de peintures, Mayaux, Pradeau, Mazieres, Le Triangle, Bordeaux
L'art et la distance 1, FRAC Limousin, Limoges

1998
Kick Off, Sorin, Buchanan, Julien, Waternaux, Rivet Paneque, Musée Geo Charles, Echirolles

1996
Triple Axel, Mosset, Monk, Closky, Tony-Stoll, Salomone, Molinero, Boussiron, Cattelan, Eon, Le Gymnase, Roubaix

1995
No gravy, Boussiron, Janot, Eon, Santa Monica, Los Angeles


CATALOGUES
2011
Franck Eon, avec le soutien du CNAP, édition Analogues
Choses incorporelles, catalogue d'exposition, Ceysson Editions, Musée des Beaux-Arts de Libourne


RESIDENCES
2001
Grant (FIACRE), Berlin

1995
Silver Lake, Los Angeles, invitation 4 Taxis & AFAA  pour le workshop PNCI, École des Beaux-Arts, Bordeaux


BOURSE
2010
CNAP Centre National d'Arts Plastiques - aide pour la premier catalogue monographique


COLLECTIONS PUBLIQUES
FRAC Basse-Normandie
FRAC Limousin
FRAC Poitou-Charentes
FRAC Aquitaine
CAPC Musée d'art contemporain Bordeaux

Franck Eon, oeuvres choisies.

 

« L'une des principales caractéristiques de la modernité - souvent, sinon toujours, c'est la liquidation du passé. En tout cas, une mise en relation critique de l'art avec son propre passé. L'Olympia de Manet, c'est la reprise et la liquidation de la Vénus d'Urbino et Titien : la Déesse est remplacée par une prostituée avec un corps aux couleurs blafardes et cadavériques de la ville, attendant un client qui lui a envoyé des fleurs.[1] »

La liquidation du passé par la modernité s'est faite dans la reprise et cela en fut même sa condition. L'histoire de l'art, de père en fils est toujours motivée du même souci : l'anéantissement du passé par sa reprise, souci qui se justifie aussi par la nécessité de trouver soi-même une place dans une histoire déjà établie. La post-modernité n'a rien inventé. Mais au lieu de liquidation c'est le terme d'appropriation qui fut privilégié - avec les enjeux de re-signification qu'il peut induire. Attitude proliférante et protéiforme qualifiée par Nicolas Bourriaud de post-production, les artistes ont en commun de recourir à des formes déjà produites qu'ils programment. Il ne s'agit pas de produire des images d'images mais de s'emparer de l'ensemble des codes de la culture puis, de les faire fonctionner. 

 

« Depuis le début des années quatre-vingt-dix, un nombre sans cesse croissant d'artistes interprète, reproduit, ré-expose ou utilise des oeuvres réalisées par d'autres, ou des produits culturels disponibles. Cet art de la postproduction correspond à la multiplication de l'offre culturelle, mais aussi, plus indirectement, à l'annexion par le monde de l'art de formes jusque-là ignorées ou méprisées. De ces artistes qui insèrent leur propre travail dans celui des autres, on peut dire qu'ils contribuent à abolir la distinction traditionnelle entre production et consommation, création et copie, ready-made et oeuvre originale. La matière qu'ils manipulent n'est plus première. Il ne s'agit plus pour eux d'élaborer une forme à partir d'un matériau brut, mais de travailler avec des objets d'ores et déjà en circulation sur le marché culturel, c'est-à-dire informés par d'autres. Les notions d'originalité (être à l'origine de...), et même de création (faire à partir de rien) s'estompent ainsi lentement dans ce nouveau paysage culturel marqué par les figures jumelles du DJ et du programmateur, qui ont tous deux pour tâche de sélectionner des objets culturels et de les insérer dans des contextes définis.